The Ledger
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The Paperwork Economy
Canada: l’économie de la paperasse et la fin des producteurs
By Olivier Labrecque
May 5,2025
Il y a quelque chose de profondément frustrant à vivre dans un pays rempli de ressources, d’intelligence, de capital humain — mais où plus rien n’avance. Le système canadien, tel qu’on le connaît aujourd’hui, ne crée plus de richesse : il gère la pauvreté. Il gère l’attente, la paperasse, la justification, les règlements, les formulaires. Il empile les contraintes comme on empilerait du sable mouillé en espérant bâtir un mur.
Ce n’est pas une révolution. C’est un cliquet.
Une cliquetis d’engrenage, un « ratchet ». Une dent à la fois. Une réglementation à la fois. Un programme social à la fois. Un frein à la rentabilité à la fois. Et une fois que c’est enclenché, on ne peut plus revenir en arrière sans se sectionner un bras.
Le cliquet fiscal : une mécanique irréversible
L’un des mécanismes les plus insidieux de l’expansion étatique, c’est l’augmentation constante de la pression fiscale. Elle ne se voit pas toujours d’un coup — mais elle s’installe, année après année, sans jamais reculer. On l’appelle l’effet de cliquet : chaque crans ajouté verrouille le système à un nouveau niveau d’extraction, qu’il devient presque impossible d’inverser sans bouleversement majeur. Entre 2010 et 2023, le Canada a augmenté ses revenus fiscaux en proportion du PIB plus rapidement que tous les autres pays du G7, sauf le Japon. Un record inquiétant pour un pays dont la productivité stagne, dont l’investissement privé décline, et dont la classe moyenne s’essouffle. Quand l'État ne peut plus créer de richesse, il gère la pauvreté — à coups de formulaires, de leviers, et de nouvelles taxes.
Une tangente autoritaire
Récemment, une vidéo virale de Mark Carney a fait réagir. Sans dire les mots, il laissait entendre qu’il fallait “retirer le capital” aux entreprises qui ne s’alignent pas avec certaines visions politiques. Aucun décret, aucun programme n’a été lancé officiellement… mais ce type de rhétorique est toujours l’antichambre d’une centralisation autoritaire. L’histoire est remplie de pays qui ont glissé vers le contrôle idéologique par la finance : l’URSS, le Venezuela, même l’Argentine. Et toujours avec le même prétexte : le bien commun.
Mais ce qu’on appelle bien commun finit souvent par devenir le contrôle total, là où aucune dissidence n’est tolérée. Et quand les producteurs, les entrepreneurs, les investisseurs, les bâtisseurs sentent cette pression… ils ne s’obstinent pas éternellement. Ils décrochent. Ils quittent. https://x.com/amuse/status/1918605645147726323?s=46
Le vrai coût : la disparition silencieuse des faiseurs
On parle souvent de fuite de capitaux. Mais ce qu’on oublie, c’est la fuite des faiseurs. Des entrepreneurs, des investisseurs, des bâtisseurs qui en ont assez. Qui se rendent compte que peu importe l’effort, le jeu n’en vaut plus la chandelle.
Je connais plusieurs entrepreneurs québécois, jeunes, ambitieux, avec des équipes et du capital. Des gens qui paient dans les six chiffres en impôt chaque année. Et ils sont partis. Pas par haine, pas par vengeance. Mais par lucidité. Parce qu’il arrive un moment où tu comprends que tout ce que tu fais est siphonné. Tu travailles, tu assumes les risques, tu construis… mais tu n’es plus récompensé à la hauteur de ton effort. Tu es taxé, puis surtaxé, puis pénalisé si tu ne t’adaptes pas à l’arbitraire bureaucratique.
On ne les voit pas manifester. Ils ne bloquent pas les routes. Ils ne demandent pas d’aides. Ils ferment leur laptop, ils vendent leur résidence, et ils partent. Une décision après l’autre. Un billet d’avion à la fois.
Et c’est là que le modèle canadien s’effondre : quand ceux qui créent de la valeur ne voient plus l’intérêt de continuer.
Les chiffres derrière l’intuition : Canada perd ses investisseurs
On pourrait croire que ce sont juste des impressions — des entrepreneurs frustrés, des investisseurs à cran, des bâtisseurs comme moi qui en ont assez. Mais les chiffres racontent exactement la même histoire :
De 2006 à 2021, l’investissement privé par travailleur au Canada a chuté de 20 %.
En parallèle, la part des actifs « intangibles » (brevets, logiciels, goodwill) est passée de 6,3 % à 17,3 %. Moins de béton, plus de vent.
Depuis 2013, 297 milliards $ ont été investis en capital de risque et private equity — mais essentiellement dans des actifs technologiques, pas dans des infrastructures physiques.
Selon EnergyNow.ca, 670 milliards $ d’investissements ont été annulés dans des projets énergétiques depuis 2015.
Selon le Financial Post, le Canada a perdu 225 milliards $ en investissement étranger net entre 2016 et 2022.
On ne parle pas d’un manque d’opportunités : on parle d’un retrait massif des capitaux. D’un pays qui décourage volontairement l’investissement productif, au nom de normes idéologiques ou d’une bureaucratie paralysante.
Sources
Investment Slowdown in Canada After the Mid-2000s: The Role of Competition and Intangibles
Why Private Capital is Important
Canada lost $225 billion foreign investment since 2016
DITCHED RESOURCE PROJECTS! An Estimated $670 Billion of Investment Lost in Ditched Resource Projects Since Trudeau Became Prime Minister
Capital and repair expenditures, non-residential tangible assets, by industry and geography
Market Reports
Canada Investment: % of GDP
Justin Trudeau’s legacy—record-high spending and massive debt
Look how much foreign investment has fled Canada since the Liberals took over
Le piège démocratique : un système verrouillé par ses propres bénéficiaires
Même quand les conservateurs performent au-delà de Brian Mulroney, les libéraux trouvent le moyen de rester au pouvoir. Pourquoi? Parce que la majorité dépend du système. Elle en vit. Elle le défend. Et elle vote pour le préserver. Même s’il est à l’agonie.
On le voit. On le sent. Mais on n’a plus le droit d’en parler sans être étiqueté comme radical, égoïste, ou extrême.
Mais ce n’est pas extrême de dire la vérité : le système canadien ne fonctionne plus pour ceux qui produisent.
La métaphore de la forêt étouffée
La grenouille dans l’eau chaude, on la connaît. Elle est bonne, mais usée. En voici une autre :
Le pays est une forêt surdéveloppée. Les arbres morts ne tombent plus. On les maintient debout avec des béquilles. On interdit aux nouveaux arbres de pousser. On contrôle la lumière, l’eau, la croissance. Et au lieu de couper ce qui ne produit plus, on taxe les vivants pour entretenir les cadavres. Résultat : une forêt étouffé.
Ce n’est pas une opinion, c’est un constat
Ce n’est pas une question d’idéologie. C’est une question de direction.
On n’avance plus. On se tire vers le bas. On réorganise la misère. Et on perd ceux qui pourraient encore construire la prospérité de demain.
On ne peut pas bâtir une nation productive en remplissant des formulaires. On ne peut pas faire pousser une économie dans du béton réglementaire. Et surtout, on ne peut pas continuer à chasser ceux qui bâtissent sans s’en mordre collectivement les doigts.
Be Great
Olivier